On ignore la date de la première église d’Ibos sur ce lieu. On l’ignore car il y a un vide dans l’histoire de la Bigorre du VIe siècle au Xe siècle. La Bigorre a commencé à être évangélisée au IVème siècle et le premier évêque connu est du VIe siècle.
Le fait que cette Collégiale soit dédiée à Saint-Laurent permet de penser qu’il y avait une église assez tôt, peut-être au IXe siècle, période de la Renaissance carolingienne. L’attribution d’une église à Saint-Laurent est un indice de son antiquité.
Ce qui est sûr, c’est qu’au XIe, il y avait une église fortifiée ici. Le clocher, est comme un véritable donjon, d’allure massive, de style roman, il date de la fin du XIe siècle. Cette église fortifiée était entourée d’un mur, ce qui est courant au Moyen-Age car l’église, seul bâtiment public d’un village, est un lieu de refuge pour les villageois. Les fortifications ont duré jusqu’à la fin du XVIème siècle, période pendant laquelle le pouvoir royal est devenu fort et le besoin d’une église fortifiée se fit moins sentir.
Ibos est au Moyen-âge un des plus gros bourgs de la Bigorre, probablement d’une taille proche de Tarbes.
1342 : Philippe VI de Valois, roi de France, fonde une Collégiale, c’est à dire un collège de prébendés pour célébrer la liturgie et animer une vie liturgique sur le lieu. Il voulait probablement se rendre populaire auprès des habitants dans une région où le pouvoir royal est encore fragile. C’est donc à partir de cette date que l’église d’Ibos devient Collégiale.
Ces chanoines mènent une vie canoniale selon la règle de Saint-Augustin : ils vivent en fraternité ensemble, mettent leurs biens en commun, célèbrent les offices sept fois par jour. La liturgie est déployée par 15 chanoines environ qui vivent en symbiose avec les gens d’Ibos.
L’évêque érige en archiprêtré la paroisse d’Ibos. Il a une zone d’influence et est responsable de tous les villages à l’ouest, Adé étant le plus proche archiprêtré d’Ibos.
Fin XIVe siècle, on construit une grande église, dont il nous reste la nef et qui date donc de la période gothique. Mais les architectes n’ont pas utilisé au maximum les capacités de l’art gothique et ont prévu des ouvertures très étroites qui font rentrer très peu de lumière.
Début XVe : construction de l’abside actuelle.
Particularité d’Ibos : l’abside est démesurée par rapport à la nef, elle mesure 24, 70 mètres (normalement, l’abside qui renferme le chœur de l’église est plus basse que la nef). La nef mesure ici 15,50 mètres et si on avait continué à la construire comme c’était prévu, elle aurait peut-être mesuré près de 30 mètres.
Normalement l’abside est aussi beaucoup moins large. Elle est aussi large que la nef proprement dite, mais moins que l’ensemble nef+bas-côtés+chapelles latérales. Malheureusement le plan architectural initial n’a pas été achevé. Si ce plan avait été jusqu’au bout, on aurait eu l’église la plus marquante de la région.
Début XVIe siècle, on assiste à un relâchement de la foi catholique, c’est la période avant la Réforme. On note que Coustier, archiprêtre d’Ibos, n’est jamais venu habiter Ibos et a célébré la messe à Ibos une fois en dix ans.
En 1569, Jeanne d’Albret, nièce de François Ier, comtesse de Bigorre, calviniste protestante, est à la tête de la révolte protestante. Le roi lui confisque de ce fait la Bigorre. Réaction de celle-ci qui appelle à la rescousse Montgomery. Ce dernier laisse un triste souvenir dans la région, fait beaucoup de destructions, tue les moines, saccage les églises et incendie la Collégiale en 1569 qui était toujours une église fortifiée à l’époque.
Les guerres de religion continuent et en 1593, les Ligueurs, parti ultra-catholique, qui était contre le roi Henri III puis contre Henri IV (anciennement protestant et converti au catholicisme pour être roi de France) rentrent dans la Collégiale grâce à un des chanoines et font de la Collégiale une forteresse pour tenir le lieu. L’année suivante, peut-être sur décision royale, les murs de la forteresse vont être supprimés et la Collégiale prend l’allure d’aujourd’hui, sans les murs extérieurs.
Puis il y a la réforme catholique, tout le XVIIe et jusqu’au milieu du XVIIIe siècle on assiste à une grande vigueur à la foi catholique et de la Collégiale. La chaire, la statue de Saint Laurent, les fonts baptismaux et les boiseries sont de cette époque
Fin XVIIIe siècle : nouvelle décadence de la Collégiale.
Les chanoines désertent la Collégiale avant la Révolution française, probablement pour des raisons financières. L’église n’est pas donc plus une Collégiale, mais on garde ce nom en souvenir du passé.
Entre 1985 et 1996, il y a eu de nombreuses restaurations à l’intérieur de l’église.
A l’extérieur, on voit en regardant la Collégiale, sur le côté droit, une tourelle du XIe siècle adossée au clocher, véritable tour de quatre étages.